Récemment, j’ai testé le woofing chez une productrice de plantes médicinales et aromatiques, dans le Lot et Garonne (47). Le but de ce petit séjour était d’apprendre à gérer une production de plantes, de leur plantation jusqu’à leur récolte et leur séchage, car il est fort possible que j’expérimente cette démarche dans mon jardin… J’ai appris bien d’autres choses, auxquelles je ne m’attendais peut-être pas, et j’avais envie de les partager avec toi.
J’irai dormir chez une productrice bio: Le wwoofing
Le wwoofing (World Wide Opportunities on Organic Farms), tu connais ? C’est un réseau de fermiers et producteurs, à l’échelle mondiale, qui accueillent au sein de leur exploitation (et donc, très souvent, chez eux) de parfaits inconnus, venus les aider, selon leur spécialité. En échange, ces courageux travailleurs ont droit au logis, à manger et à boire, durant leur séjour chez le producteur.

J’ai voulu tester ce concept qui me semblait, ma foi, hyper intéressant et enrichissant. C’est donc à la mi-juin que je me suis rendue au fin fond du Lot et Garonne, chez une productrice bio de plantes médicinales et aromatiques (j’avais réservé ma place, longtemps auparavant). Durant deux semaines, je partagerais une caravane avec une autre personne, également en quête d’aventures éthiques-humaines-écologiques.
Je conseille vraiment le wwoofing, aux personnes désireuses de partir à l’aventure, et qui aiment assez le côté roots. Car, je ne te le cache pas, selon l’endroit où tu vas te trouver, tu ne vivras pas dans le même confort auquel tu t’es habitué.e chez toi…
Le wwoofing: Comme un cheveu sur ma soupe
Le titre est assez évocateur. Mon séjour chez la productrice ne s’est pas passé comme prévu, et c’est là que ma liste d’enseignements commence. Tout d’abord, j’avais prévu cette petite expédition en rase campagne (relativement loin de chez moi, en plus) parce que, comme toi et des milliers d’autres, j’ai ressenti le besoin de me mettre au vert.
Par ailleurs, ces deux semaines de « stage » constituent une base de connaissances et pratiques que j’aimerais ensuite reproduire et adapter dans mon propre futur jardin (je suis encore en appartement, sans jardin, quelle tristesse…).
Et puis, on est aussi là pour rencontrer des gens et partager des expériences inédites ! J’avais également besoin de voir d’autres personnes, de découvrir d’autres univers… Un gros besoin de dépaysement.

Tout semblait parfait : le paysage était magnifique, l’exploitation était impressionnante, on était OKLM, en pleine campagne… On dormait dans une caravane, et la productrice, ainsi que son compagnon, vivaient temporairement (le temps que leur maison soit rénovée) dans une yourte ! Une p****n de yourte ! C’était génial.
Oui, mais voilà, pour des raisons de santé, je n’ai pas pu rester aussi longtemps que prévu. J’ai du rentrer chez moi, tant bien que mal, et avec beaucoup de déception.
Pas d’échec, juste des leçons
Ce que je veux te dire, depuis tout à l’heure, c’est que malgré cet « échec », il y a un certain nombre de choses que j’ai appris, de ce court séjour en wwoofing. Et parfois, je pense que c’est enrichissant d’aller voir chez les autres, comment ça se passe, pour se rendre compte de ce qui fonctionne et de ce qui ne fonctionne pas dans notre propre mode de vie.
Comme une vraie bleue, je suis arrivée là-bas, avec mes idéaux écologiques, très heureuse de vivre avec des gens qui partagent cette volonté de préserver notre planète. Et comme une vraie bleue, j’y suis allée…avec dans ma trousse de toilettes un gel douche et un shampooing PAS ECOLOS du tout… Première leçon.

Quand on se dit militant pour l’écologie, on y va à fond ! Là-bas, les toilettes sont sèches, archi-sèches. J’ai bien apprécié ce concept, déjà expérimenté, il y a quelques temps. Car, oui, je suis de ceux.elles qui trouvent vraiment chelou de faire pipi et caca dans une eau potable, alors qu’ailleurs, des gens tueraient pour boire un verre d’eau potable. C’est dégueu, hein ? Quand j’aurai ma maison, j’y installerai des toilettes sèches, dehors (et des toilettes classiques, à l’intérieur, pour les autres…). Deuxième leçon.
Ecolos et bios ! Jusque dans leur alimentation. Durant ces quelques jours en wwoofing, j’ai découvert de nouvelles saveurs, et j’ai aussi appris à redécouvrir des variétés anciennes de légumes. Rien à voir avec ce que tu trouves dans les supermarchés. D’ailleurs, en parlant de supermarché : ils n’y vont quasiment pas. Ils trouvent tout ce dont ils ont besoin chez Biocoop, mais également auprès de leur réseau d’amis-producteurs bios. Chacun a sa spécialité : fruits, légumes, fromages, pain, pâtes fraîches, viandes…Le supermarché ne sert que pour acheter des produits que l’on ne peut pas produire localement (poisson, articles non alimentaires). C’est ça que je voudrais faire chez moi, pour être le plus possible indépendante de ces supermarchés. On veut du local, du bio, et du goût dans nos vies, nom d’une courge ! Pour résumer, j’ai vu que c’était possible de vivre ainsi. Troisième leçon.

Il faut vraiment penser à tout. Je suis en cours de transition vers un mode de vie écologique et bio, sans être vegan. J’ai réussi à appliquer cette philosophie sur pas mal d’éléments du quotidien. Cependant, cette expérience en wwoofing m’a ouvert les yeux : il y a encore du pain sur la planche. Là où j’ai encore des efforts à faire, c’est dans les produits ménagers et d’hygiène. En effet, vouloir préserver son environnement passe aussi par le choix de son gel douche et de son shampooing. Il passe par la sélection de son liquide vaisselle fait maison, avec des produits naturels. De même pour le dentifrice…ou les cotons-tige !
Quand je te dis qu’il faut penser à tout ! C’est comme ça que j’ai réalisé que j’avais oublié certains détails, dans ma vie écolo…On ne s’en rend pas compte, parce qu’on a été habitué.es à acheter ce genre de produits, et parce que souvent, on pense, à tort, que les produits bio / naturels ne sont pas aussi efficaces que les chimiques. Il est vrai, certes, que la javel nettoiera plus efficacement qu’un produit fait maison, à base d’ingrédients naturels…Mais ne serait-on pas un peu trop habitué.es à vivre dans un environnement aseptisé ?
En ville, j’ai peur de me salir. A la campagne, on s’en fout. La terre, c’est la terre. S’il y en a un peu sur le sol de ta maison, tu n’auras jamais fini de nettoyer, elle reviendra toujours. Pareil pour les petites bestioles. Arachnophobe de la première heure, j’ai côtoyé des araignées, là-bas. Sans broncher, parce que c’est aussi chez elles. Dernière leçon (?).

On n’a jamais fini d’apprendre, des autres, et même de soi. Etre curieux.se, observer, écouter son environnement, c’est déjà un grand pas vers une amélioration de soi. Mais agir, par de petites actions, au quotidien, c’est encore mieux. On ne peut pas forcément tout bouleverser, et dire que tout ça, c’est fini, qu’il faut tout révolutionner. Je pense plutôt qu’on devrait continuer à réfléchir sur notre propre impact, en s’arrêtant régulièrement, pour observer et comparer avec les autres, en cherchant ce qu’on peut encore faire, pour améliorer notre quotidien et faire que notre passage sur Terre soit quasi invisible.
Et toi, tu en es où ? Te sens-tu concerné.e par cette envie de laisser le moins de trace possible dans notre environnement ? Si ça t’intéresse, et que tu souhaites créer des produits naturels faits maison, sache que très bientôt, je consacrerai un article sur l’excellent livre Tout Faire Soi Même, de Raphaëlle VIDALING…
Lula