Kal Awa

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L’OLLA : UNE ALTERNATIVE VERTUEUSE D’IRRIGATION

Tu en as certainement déjà entendu parler… Pourtant l’olla (ou oya) n’en est plus à son coup d’essai. Inventée il y a environ 4000 ans, cette petite « marmite » répond encore à une question qui est toujours d’actualité : comment mettre en place un système d’irrigation éco-responsable, et à la fois bénéficier d’un jardin riche et varié ? La réponse se trouve ici…

L’olla, avec deux L, s’il vous plait

Avant toute chose, posons les bases : olla, qu’est-ce que ça signifie, au juste ?

Prononcé « oya », ce mot est d’origine espagnole et il signifie tout simplement « pots », ou bien « marmites ». Nos amis anglophones le dénomment « clay pots » (=pots en argile), et bien d’autres pays ont fait preuve d’imagination pour lui trouver un nom différent. Par exemple, dans certains pays africains, l’olla se fait plutôt connaître sous le nom de « canaris ».

L’olla, concrètement…

La technique d’irrigation par l’olla possède un fonctionnement très simple : la porosité de l’argile va jouer un rôle clé dans la captation et la distribution de l’eau vers les plantes.

Bien sûr, d’autres caractéristiques comptent dans l’efficacité de l’olla.

Premièrement, la forme : il peut s’agir d’un pot, de tuyaux, d’amphores, de tubes… Toutefois, la forme la plus répandue reste celle du pot.

Fabrication artisanale d’ollas
Crédit Photo : sans-transition-magazine.info

Ensuite, le système de remplissage va différer : individuel manuellement, mise en série avec système de chasse d’eau ou de réserve.

Après les formes et les systèmes… la contenance ! Là aussi, les données vont varier, selon les besoins : l’olla peut alors avoir un volume entre 0.2L et 50L ! Selon les besoins, je t’ai dit !

Si tu te sens l’âme bricoleuse, tu peux évidemment réaliser toi-même tes ollas (je te file les tuyaux en fin d’article). Sinon, tu peux en acheter directement auprès des artisans ! Ils ont pas mal d’imagination, et la plupart des ollas se révèlent plutôt comme des œuvres d’art…

Quand tu as de l’imagination…
Crédit Photo : lafranceagricole.fr

D’autre part, tu peux implanter ton olla de différentes façons, dans ton jardin.

En effet, tu peux l’enterrer partiellement, ou juste le poser en surface. Par ailleurs, tu peux disposer un réservoir unique, ou au contraire, jouer sur la coordination de plusieurs réservoirs. Cette dernière application fonctionne à merveille pour irriguer les arbres ! Prends-en bonne note… 😉

Enfin, l’olla permet une multitude d’utilisation : ça peut être pour une irrigation exclusive, ou en combiné avec une réserve d’eau pour les animaux (type bétail), ou alors la même chose, pour l’Homme.

Sur les traces de l’olla

Si son nom provient d’Espagne, ses plus anciens vestiges ont été découverts…en Chine. En effet, la datation des restes retrouvés sur place a déterminé leur âge : 4000 ans !

Ce n’est pas tout ! L’utilisation de l’olla a su traverser le temps, car cette technique d’irrigation a également été utilisée dans la Rome Antique.

Les premiers ollas ressemblaient à peu près à ça !
Crédit Photo : oyas-environnement.com

Plus récemment encore, des restes d’ollas ont été retrouvés en France, dans les Bouches-du-Rhône (Aubagne), mais aussi en Corse.

De nos jours, on intègre l’olla dans l’irrigation de zones agricoles où la mécanisation se montre peu développée.

Par ailleurs, il remplace parfaitement un système de distribution d’eau tel qu’on le connaît, dans les pays dits « développés » (par tuyauterie et canalisations).

Pourquoi adopter des ollas au jardin ?

Question économique-écologique

De nos jours, la question écologique/économique ne se pose même plus. Nous sommes arrivés à un stade relativement critique, et je pense que chacun.e est en mesure de réduire son empreinte écologique, pour essayer d’y répondre. Personnellement, quand je vois tous les efforts, toute l’énergie et tout le bazar que l’installation d’un système d’arrosage automatique provoque sur l’environnement, je me dis que c’est vraiment dommage.

D’un autre côté, l’eau devient une denrée précieuse. Dans la plupart des pays dits « en voie de développement », des gens (souvent des femmes et des enfants) parcourent, tous les jours, des kilomètres, pour accéder à une source d’eau. A contrario, toi, tu n’as qu’à tourner le mitigeur de ton robinet pour te délecter de ce précieux liquide… On cherche encore l’équité…

Je pense sincèrement que l’olla apporte une réponse alternative plus respectueuse dans l’irrigation des espaces verts. Les plantes qui vont en bénéficier iront chercher uniquement ce dont elles ont besoin, par capillarité. Tu sais bien que la Nature ne connaît pas le gaspillage !

Schéma du fonctionnement d’un olla, vue souterraine
Crédit Photo : parc-naturel-chevreuse.fr

D’ailleurs, installer des ollas dans ton jardin a un double avantage : ce système demande peu d’efforts (tu me diras, c’est la même chose pour un système automatique). Après, l’olla parvient presque à égalité avec un système d’arrosage automatique, dans le sens où tu n’auras qu’à vérifier de temps en temps le niveau d’eau, et le réajuster. Ton jardin peut donc évoluer en quasi autonomie, sans gaspillage d’eau et sans efforts.

D’ailleurs, l’avantage que l’olla a sur le système automatique réside dans l’économie de l’eau : justement, le piège se trouve dans l’aspect automatique du système d’irrigation. On pense rarement à le couper, notamment quand il pleut… Tu vois où je veux en venir ?

Préserver ses plantes

Outre les avantages économiques et environnementaux de l’olla, il en existe bien d’autres, répondant favorablement aux besoins des plantes. Je m’explique.

Déjà, l’olla permet un arrosage très doux, qui évitera de mouiller le feuillage, qui constitue une véritable porte ouverte aux maladies-ravageurs.

L’eau ne s’évapore pas, puisque la distribution se fait sous terre, via les racines de la plante.

L’olla respecte le fonctionnement naturel de la plante, en ce qui concerne sa recherche d’eau.

En effet, les racines plongent en profondeur dans le sol, au lieu de rester en surface, à s’exposer à divers risques.

L’olla se fond dans le jardin et fait bien son travail 😉
Crédit Photo : latelierterraciel.jimdo.com

L’eau a le temps de se réchauffer, avant d’atteindre la plante, car tu dois le savoir, la température du sol augmente à mesure qu’on s’enfonce en profondeur. Ainsi, le risque de choc thermique est écarté.

Quand tu arroses tes plantes avec l’eau du robinet, il y a toujours du chlore présent dans le liquide. Ne t’inquiète pas, je le fais aussi (bon, je vais passer aux ollas !)…

Enfin, la distribution de l’eau est directement liée à la consommation des plantes : quand la terre est plus sèche que le pot, alors l’eau s’en échappe et va abreuver les plantes, par capillarité racinaire.

Cas pratique : fabrication d’un olla en DIY

La fabrication des ollas est un art ancestral, dont les méthodes demeurent aujourd’hui presque inchangées. C’est hyper facile, rapide et très économique !

Tout d’abord, il te suffit de réunir 2 pots en terre cuite, de la taille de ton choix (de même diamètre, ou non), et selon tes besoins en irrigation (lieu, plantes, exposition, etc.) …

Ensuite, une colle imperméable (type silicone, ciment-colle) sera parfaite pour les coller ensemble.

La seule différence, c’est que l’un des deux pots doit être bouché, et l’autre non.

L’étape suivante consiste à encoller les bords supérieurs des deux pots, en faisant attention à ne pas laisser de jour.

Le pot qui sera disposé au-dessus doit garder un trou ouvert.

En revanche, comme je le disais plus haut, le pot du dessous sera, quant à lui, bouché. C’est lui qui sera enterré.

Après l’encollage des bords supérieurs, il te faudra simplement coller les deux pots ensemble. Et paf ! Tu as fait un olla !

Une période de séchage de 24h-48h sera nécessaire…

Crédit Photo : pinterest.fr

Tu as attendu les 24h-48h de séchage ? Super ! Maintenant, il faut vérifier l’étanchéité de ton olla, avant de le mettre en terre. C’est très simple : tu le remplis d’un peu d’eau, et s’il ne fuit pas, tu as tout gagné !

L’avant-dernière dernière étape de la fabrication d’un olla en DIY… Tu l’enfouis dans un trou que tu auras préalablement creusé, dans le sol, en prenant bien sûr soin, de laisser le trou ouvert au-dehors. Le pot du dessus doit dépasser du sol d’environ 5cm. Pour le repérage, ce n’est pas mal… 😉

Enfin, l’ultime étape, la vraie, consistera à remplir l’olla, et le laisser faire son travail.

J’ai trouvé ici cette vidéo sympa, largement accessible, qui montre comment fabriquer son propre olla. Tiens, c’est cadeau ! Moi, je vais de ce pas fabriquer les miens !

Tu me diras comment ça s’est passé pour toi ?

Lula

6 Commentaires

  1. Bonjour, auriez-vous la source de cette information sur ce passage : « Plus récemment encore, des restes d’ollas ont été retrouvés en France, dans les Bouches-du-Rhône (Aubagne), mais aussi en Corse. »

    Merci beaucoup, et bravo pour cet article très intéressant !

    1. Bonjour et bienvenue sur Kal Awa !

      Pour répondre à votre question, on en parle sur quelques sites de jardinage mais surtout par les professionnels de la poterie.
      En ce qui concerne cet article, je suis allée glaner un peu partout mais j’ai retenu entre autres le site suivant : https://www.placevendee.fr/enseignes/poterie-lutton/ollas-lutton/.
      En fait, pour être plus précise, des ollas ont été fabriqués pendant un certain temps à Aubagne, et des restes ont été retrouvés en Corse !

      Merci encore pour votre intérêt envers ce blog et merci pour vos encouragements 🙂
      A bientôt sur Kal Awa !

      Lula

  2. Bonjours!
    J’aimerai connaitre le mélange exacte de la terre cuite qui sert a fabriquer les oyas, autrement dit de quoi est faite cette argile: argile, copeaux de bois, farine de faïence, …!
    Merci par avance.

    1. Bonjour Hacene et bienvenue sur Kal Awa !

      Tout d’abord, merci pour votre question très précise.

      Sauf erreur de ma part, la terre cuite est généralement composée d’argile, en effet, mais l’argile en elle-même est issue d’une roche mère.

      C’est simplement une roche sédimentaire composée de minéraux comme le fer (sous l’effet de l’oxydation, le fer rougit et c’est ce qui donne cette belle couleur rougeoyante aux ollas !), le quartz, etc.

      On apprécie surtout le rôle colloïdal de l’argile, ou autrement dit, le fait que cette roche puisse coller. Donc, ça « colle » parfaitement pour tout ce qui relève de la poterie, dont la fabrication d’ollas ! 😉

      Normalement, il n’y a donc pas d’autre matière que le minéral dans la composition de l’argile.

      En espérant avoir répondu à votre question, et de vous revoir très bientôt sur Kal Awa !

      Lula

      1. Bonjour!
        Je vous remercie infiniment de m’avoir éclairer, je voudrai juste avoir une autre précision, pour avoir une argile poreuse doit on mélanger du sable avec l’argile, dans l’affirmative a quelle proportions!
        Merci par avance.
        Cordialement
        C.H

        1. Bonjour Hacene,

          Vous souhaitez façonner vous-même votre oya, non ? 🙂

          Pour être honnête, mes connaissances en matière de poterie sont assez limitées… Mais je me suis renseignée et j’ai trouvé ce blog, fondé par un céramiste, et je pense que vous y trouverez sûrement la réponse à votre question en lisant cet article : https://neo-ceramistes.com/comment-fabriquer-des-oyas-maison-sans-tour/

          De ce que j’ai compris, tout dépend de la cuisson et du type d’argile.

          J’espère que cela vous aidera, et dans le cas contraire, j’en serai vraiment désolée, étant une « newbie » en poterie/céramique…!

          Lula

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