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L’ORTIE (Urtica dioica) : UNE PANACÉE AUX AIRS FAROUCHES

Qui ne s’est jamais frotté.e par inadvertance aux feuilles urticantes d’une ortie, lève la main… Personne ? Je m’en doutais. Généralement crainte, l’ortie a pourtant fait ses preuves, en médecine, et ce, depuis des millénaires. On l’a longtemps considérée comme une véritable panacée, au même titre que la lavande. Aujourd’hui, je te propose un petit zoom sur cette adventice boudée à tort.

Histoire et botanique de l’ortie

Les origines

On peut remonter l’Histoire de l’ortie à la période préhistorique de l’âge de pierre. Nos ancêtres la consommaient comme un légume, au même titre que l’épinard.

L’ortie était déjà bien connue des Romains. Ils l’appelaient Urtica, dérivé du verbe latin uro, qui signifie « brûler ». Les bougres, ils se sont fait avoir ! Du coup, je pense que tu auras compris la raison pour laquelle ils l’ont appelée ainsi… Sinon, je t’invite à toucher une feuille de la plante, à tes dépens.

D’autre part, les Grecs en étaient friands et la consommaient en tant que légume. De nos jours, cette coutume est encore d’usage, mais peut-être moins qu’à l’époque…

Au Moyen-Âge, l’ortie a encore du succès. On parvient également à faire la distinction entre la grande et la petite ortie. L’ortie est largement répandue dans la médecine naturelle de l’époque. Par exemple, les graines sont utilisées contre les maux d’estomac, et le suc frais semblait efficace pour soulager les douleurs articulaires et toute sorte de plaie inflammatoire.

La plante sera utilisée encore jusqu’à aujourd’hui, où on la retrouve en naturopathie.

Un peu de botanique

Je me doute bien que tu visualises la plante assez facilement, mais un article sur une plante sans sa présentation botanique n’est pas très sérieux, hein ?

Tout d’abord, il faut savoir qu’il existe en réalité 7 espèces d’ortie connues, en Europe et plus d’une dizaine, dans le monde. La plus connue reste Urtica urens (la petite ortie dont je te parlais plus haut).

Les petits plats…

La petite ortie est annuelle (=cycle de vie sur une année). Elle mesure au maximum 50 cm, et arbore des petites feuilles, ovales, bien dentelées, de couleur vert sombre. Ses fleurs sont réunies en grappes rameuses, plus courtes que le pétiole des feuilles. Enfin, la petite ortie est monoïque : le même pied porte à la fois les fleurs mâles et femelles.

Planche botanique de la petite ortie
Crédit Photo : science-et-magie.com

… Dans les grands

En revanche, la grande ortie est vivace (=cycle de vie allant au-delà de 2 ans). La tige peut atteindre 1 mètre de hauteur. Les feuilles sont plus grandes, toujours ovales et dentées, à la couleur vert sombre. Les fleurs sont également réunies en grappes ramées, sauf qu’elles sont plus longues que le pétiole des feuilles. Enfin, la grande ortie est dioïque : les fleurs mâles et femelles sont portées par des pieds différents.

Planche botanique de la grande ortie
Crédit Photo : fr.wikipedia.org

En zoomant sur les fleurs, on peut se dire qu’elles n’ont rien de spécial. Elles sont petites, verdâtres, sont munies de 4 sépales, mais pas de pétales. La pollinisation se fait par le vent. Suite à ça, les fleurs donneront naissance à un fruit sec appelé « akène » (on le retrouve aussi sur les fraises). L’ortie est une plante assez maligne : elle se propage également par les racines, car celles-ci sont traçantes (en fait, c’est le pire type de racine existant, selon moi).

Enfin, pour terminer sur la présentation botanique de l’ortie, on peut dire qu’elle est sacrément résistante, car même en hiver, elle continue de pousser, voire de fleurir, si celui-ci est relativement doux.

En ce qui concerne son habitat, l’ortie adore les terres riches en azote. Elle pousse dans les jardins et les champs, au bord des chemins, dans les lieux abandonnés et fréquentés par le bétail, sur l’ensemble du pays.

Zoom sur le super-pouvoir urticant de l’ortie

Alors maintenant que tu en sais un peu plus sur l’ortie, tu te demandes certainement ce qui la rend si urticante… Eh bien, je vais te le dire !

L’aspect urticant de l’ortie provient en réalité des poils présents sur ses feuilles et sur sa tige. Ces poils sont très nombreux, et font office de minuscules seringues hypodermiques, chacune étant remplie de venin urticant. Aïe… !

Maintenant, imagine qu’on zoome encore. Chaque poil, creux, est formé de silice et se casse au moindre choc, produisant ainsi une cassure coupante, à l’instar d’un morceau de verre brisé. Ces cassures vont alors inciser la peau et y laisseront passer un venin, non mortel, je te rassure. Il s’agit en fait d’un mélange de substances allergisantes (particulièrement de l’histamine et de l’acétylcholine). Il suffit d’1 dixième de milligrammes pour foutre le feu sous ta peau. C’est très peu. Et ça brûle grandement. 1 dixième de milligrammes, bon sang !

Macro d’un poil d’ortie qui se casse…brûlures dans 3, 2, 1…
Crédit Photo : forum.mikroscopia.com

Suite à ça, des petits boutons rouges, ou des plaques, selon ton degré de réaction allergisante à son venin, vont se former sur la peau, et vont provoquer des démangeaisons urticantes. La séance de grattage (ou tu ressembles un peu à nos amis les singes) peut durer une bonne demie heure, à moins que tu n’aies frotté des feuilles de plantain sur ces boutons… Ah, mais tu ne connais pas encore le plantain ? Eh bien, c’est le moment de rattraper ton retard, en cliquant ici !

L’ortie : une plante couteau-suisse

Médecine et ortie

Précédemment, je te disais que les Grecs et les Romains faisaient déjà usage de l’ortie, dans leur médecine. Aujourd’hui, c’est toujours le cas ! La liste des maux que l’ortie est capable de soulager est vraiment longue. Aussi, je te parlerai des maux les plus courants. Après, tu es libre d’étoffer tes connaissances à son sujet, si tu souhaites en savoir plus !

L’alliée détox

Principalement, on utilise l’ortie comme détoxifiant. On peut dire qu’elle sera fort utile, après les fêtes de fin d’année… Plus précisément, l’ortie facilite la digestion des graisses et diminue l’absorption des sucres. Par ailleurs, elle favorise l’élimination de l’acide urique et de l’urée (=pipi).

Au menu : soupe d’ortie !
Crédit Photo : franceinter.fr

Coup de boost pour le fer

D’autre part, l’ortie se révèle très efficace comme antianémique, et en cas de carence en fer. Généralement, cette carence s’observe chez les femmes, et/ou les personnes ayant un régime alimentaire, et/ou étant végétariennes/véganes, etc. Dans ce cas-là, l’ortie parvient facilement à renflouer les stocks de fer dans le sang. Il existe plein de recettes de jus d’ortie ! Perso, je ne me sens pas encore assez motivée pour y goûter 😊 !

Un excellent anti-inflammatoire naturel

La troisième carte gagnante de l’ortie concerne la faculté anti-inflammatoire de cette plante. En effet, les feuilles contiennent du calcium, de la silice et du zinc, qui favorisent la reminéralisation des os. Les tissus s’en tirent également vainqueurs, car elle possède une fonction antioxydante. En somme, l’ortie sera intraitable avec l’arthrite et les rhumatismes. Le mieux, pour ces maux-là, serait de consommer l’ortie sous forme de tisane, en mélange avec d’autres plantes (cassis, reine-des-prés, bouleau, etc.).

L’ortie cosmétique

Il existe bien sûr d’autres formes d’utilisation, notamment en cosmétique : les lotions et shampooings à base d’ortie font un carton ! D’ailleurs, je te proposais ma recette perso de shampooing dans cet article

Ici, je te propose une autre recette de shampooing sec à base d’ortie. Le shampooing sec reste une solution efficace et rapide quand tu n’as pas le temps de te laver les cheveux, et même en guise de pause pour tes cheveux, entre deux shampooings.

Pour cela, il faut mélanger 1 bonne cuillère à soupe (=15mL) de poudre d’ortie, avec 10 gouttes d’huile essentielle de lavande officinale et 1 autre bonne cuillère à soupe d’argile blanche. Une fois la poudre rendue homogène, tu peux la conditionner dans un pot en verre, ou même un contenant en verre muni d’un saupoudreur. Tu peux également le fabriquer toi-même en perçant des petits trous sur le bouchon, afin de le transformer en saupoudreur. Je l’ai testé et ça marche du tonnerre ! A saupoudrer sur les cheveux, la tête en bas avant de brosser les cheveux du crâne vers le sol.

L’ortie au jardin

Comme évoqué plus haut, l’ortie fait un purin idéal, au jardin ! Il existe plusieurs recettes possibles, selon les régions, les habitudes de chacun et chacune. Généralement, il faut aller au plus simple. Je t’ai dégoté une recette facile ici !

Le purin va donc avoir une action fongicide et insecticide : elle fera ses preuves contre une invasion de pucerons et d’acariens (partie ravageurs) et contre le mildiou (partie maladies).

Purin d’ortie fait maison
Crédit Photo : rustica.fr

Par ailleurs, le purin d’ortie fait un excellent fertilisant naturel pour les autres plantes, car l’ortie est riche en azote : elle va stimuler la croissance de la plante et renforcer ses défenses immunitaires.

Enfin, si tu as la chance d’avoir des canards, dans ton jardin, savais-tu que les canetons raffolaient des jeunes pousses d’ortie ? Ils la préféreraient hachée crue…

L’ortie ne fait pas le moine

Tu as sans doute reconnu cette fameuse expression : « l’habit ne fait pas le moine » … Tout ça pour dire que l’ortie devient également intéressante dans la fabrication de textiles. En effet, ses fibres font preuve d’une résistance étonnante. C’est pour ça qu’on l’utilise, notamment dans la fabrication de cordages et de vêtements (depuis le Moyen Âge), comme c’est le cas, par exemple, chez la marque française Natural Ethics. Bon, il faut un certain budget, après, on peut toujours essayer de les faire soi-même… (Faut pas pousser mémé dans les orties, Lula ! – roulements de tambour… je sors.)

Des gants exfoliants de toilette, fabrication 100% d’ortie
Crédit Photo : natural-ethics.fr

L’autre intérêt de fabriquer des textiles en fibre d’ortie, c’est que cette démarche est beaucoup plus écologique que celle du coton. L’ortie demande beaucoup moins d’eau que le coton, lors de sa fabrication. De plus, l’exploitation du coton n’exclut pas l’usage de produits phytosanitaires. L’appellation Bio ne le protège pas forcément de ces produits… A ce stade, le choix est vite fait.

Une dernière chose, avant de clore l’article : je t’invite à regarder cette petite vidéo, issue de La Quotidienne, sur France 5. Cette vidéo dresse le portrait de deux passionnés, qui cultivent l’ortie et en expliquent tous les bienfaits.

Voilà, tu en sais un peu plus sur l’ortie ! J’espère que cet article t’a permis de te réconcilier avec cette plante étonnante, un brin farouche. Je te rassure, c’est au premier abord ! Une fois domptée, l’ortie révèle tous ses bienfaits, parole de jardinière ! 😉 Qu’en penses-tu ? Quel(s) usage(s) as-tu de l’ortie ? Dis-moi tout dans les commentaires !

Lula

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